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Juin29
Mark Knopfler – « l’homme tranquille du rock ‘n’ roll »
Commentaires fermés sur Mark Knopfler – « l’homme tranquille du rock ‘n’ roll »
C’est une histoire de musiciens insouciants, loin des clameurs du public, qui rêvent de gloire et de fraternité sous les néons d’une petite scène de bar londonien. Ce soir-là, Mark Knopfler est dans la salle et les voit de ses propres yeux, ces amoureux de la nuit. Ils sont peut-être médiocres, mais peu importe. Ils y croient dur comme fer.
À la fin du spectacle, ils lancent au public clairsemé « We are the sultans of swing », sans un brin d’ironie. La phrase résonne pour eux comme un hymne au jazz dilettante. Mark en fera une chanson qui résonnera pour nous comme l’emblème de toute une génération.
Sur les pas d’un géant
L’histoire de Knopfler débute en 1977. Elle se terminera 18 ans plus tard, avec plus de 120 millions d’albums vendus. Une marque de fabrique unique. Un style mélodique pour un doigté vif qui fait claquer la corde et vibrer nos oreilles : le finger-picking revisité spécialement pour la Stratocaster.
Né à Glasgow en 1949, c’est pourtant à Newcastle que Mark Knopfler découvre ses premières notes de blues, auprès de son oncle Kingsley. Déjà, le son éraillé de l’harmonica et le swing du boogie-woogie touchent profondément le jeune homme. Un goût précoce qui préfigure les belles années à venir. À l’époque, il écume les magasins de guitare de la ville. Il les connaît par cœur. Puis il nourrit une profonde admiration pour le guitariste des Shadows, Hank Marvin, l’idole incontestée aujourd’hui des papys du Rock n’ Roll. La fascinationest grande, très grande. Monsieur veut la même guitare, une Fender Stratocaster couleur Fiesta Red, popularisée par Hank Marvin lui-même. Mais pas de chance, l’apprenti musicien devra se contenter d’une Hofner Super Solid (voir photo ci-dessus), offerte par son père.
Il faut bien gagner sa vie pour toucher de belles guitares…
Alors, jeune adulte, il devient reporter pour un journal local de la ville de Leeds. Petit journaliste musical, il vit modestement, mais continue de s’exercer chez lui, sans ampli. Un jour, il rencontre un certain Steve Philips, avec qui il fonde « The Duolian String Picker », duo gentillet de country blues. L’alchimie fonctionne pendant un temps et Knopfler perfectionne sa technique.
Une entrée fracassante
Puis un jour, il décide de tout arrêter. Fini le journalisme, place a la musique : le jeune Knopfler part à Londres pour tenter de se frayer un chemin parmi les méandres du Rock n’Roll londonien.
Les années de galère ne font que commencer. Avec son frère David se dessinent les prémices du groupe à venir, sous le nom des « Café Racers ». Aussitôt, ils rencontrent John Illsley, futur bassiste, puis plus tard, Pick Withers, un batteur surdoué que Knopfler a fréquenté dans sa jeunesse. Leur situation financière est souvent « périlleuse » (« in dire straits » en anglais), mais nos quatre amis ont bonne réputation dans les pubs. Le gout prononcé de Knopfler pour l’écriture et la composition se concrétise enfin.
Il faut dire qu’il a du talent. Beaucoup de talent. Presque trop… Les premiers enregistrements ont lieu en 1977. Parmi les cinq titres proposés, le fameux « Sultans of Swing » se démarque des autres. Et lorsqu’il est diffusé lors de l’émission Honky Tonk, c’est tout de suite l’effervescence. La société Phonogram les engage de suite pour cinq albums et c’est le début d’une longue histoire.
La recette est simple, sans artifice : pour écrire, Mark puise dans son expérience, parmi les images de sa vie, parmi les anecdotes de comptoirs. Il s’imprègne du monde… Puis ça y est, il tient enfin entre ses mains la guitare qui l’a fait rêver gosse, la fameuse Fender Stratocaster.
Un style inimitable
Loin des riffs saturés de l’époque, il développe son propre style, un peu bâtard certes, mais monsieur fait dans la dentelle. Du son clair, avec un peu de Crunch, mais surtout un doigté singulier. Une étrange alchimie s’opère. Résultat d’un beau croisement entre la sobriété déconcertante d’un Chet Atkins et le phrasé expressif, presque dissonant d’un Bob Dylan.
Que dire de la technique presque indéchiffrable de sa main droite? Autant avouer qu’on l’a tous un peu analysée, sans vraiment en comprendre le secret. Produit d’un subtil mélange de chicken-picking, (dérive dufinger-picking, qui demande d’aller chercher en saut de cordes, une corde plus éloignée avec un seul doigt), et de clawhammer, (technique complexe, utilisée principalement pour le Banjo), Mark claque les cordes avec la pulpe du pouce, de l’index et du majeur rendant ainsi ce son cristallin et chaleureux.
Gaucher, il joue comme un droitier, alternant de puissants bends avec de belles « dead notes».
Dans cette vidéo, Mark Knopfler enseigne comment jouer le riff de “Money For Nothing” :
L’apothéose de Knopfler
Le succès du premier album est retentissant et il se place à la 4e place des charts britanniques.
Alors, en 1978, Mark et ses acolytes en remettent une couche avec l’album « Communique » et son single, « Lady Writer », toujours aussi convaincants. Puis l’heureux ménage à quatre continue avec l’album suivant, « Making Movies », sorti en 1980 suivit de « Love Over Gold » en 1982. À chaque fois, la recette est ancestrale : elle vient d’un blues archaïque, mais qui a son charme, dans lequel une phrase chantée est égale à une phrase musicale, comme dans un jeu de questions/réponses.
Leur plus grand succès reste sans aucun doute, « Brothers in Arms » sorti en 1985. La pochette en met plein la vue. Derrière un ciel bleuté, la fameuse guitare « National Style O » de 1937, se dévoile, resplendissante. Désormais Mark s’achète de la marque : des Schecter et des Pensa (dont la fameuse Suhr MK1 utilisée pour « Money for Nothing »). L’album s’accompagne d’une tournée monumentale avec plus de 248 concerts dans 117 villes différentes. On se remémore encore le mythique Wembley Arena, et l’entrée-surprise d’Hank Marvin, en plein milieu du concert dans une reprise de « Local Hero ».
Et puis souvenez-vous d’Eric Clapton qui partageait la même scène que Mark en 1988, lors du 70e anniversaire de Nelson Mandela. Quel beau monde réuni rien que pour nos oreilles !
Voici sur la photo de gauche Mark Knopfler, Hank Marvin au centre et Jeff Lynes à droite dans les studios Abbey Road de Londres :
La fin d’un mythe
Malheureusement pour nous, ça ne dure pas longtemps. L’album « On Every Street » sorti en 1991, nous offre encore quelques pépites chaleureusement bluesy, mais marque définitivement la fin d’un mythe.
Si la puissance d’inspiration est toujours au rendez-vous, l’épuisement des tournées successives se fait sentir et les tensions s’accumulent au sein du groupe. Mark est au bout du rouleau. D’ailleurs, la sécession a déjà été engagée un an auparavant avec la création du groupe des Notting Hillbilies. Mark et quelques-uns de ses musiciens chéris (dont le pianiste Guy Fletcher), l’on rejoint pour retourner modestement aux racines de la country. Tandis que les belles images de la tournée « On the Night » de 1993 annoncent les derniers pas de Dire Straits, avant la séparation finale de 1995.
Heureusement, Mark n’en restera pas là. Le seul album et les quelques concerts des Notting Hillbilies ne lui suffiront pas. Il entame une carrière solo avec sa belle Gibson, une « Les Paul » 59, tantôt Reissue, tantôt standard.
Les albums se succèdent avec « Golden Heart » en 1996, « Sailling to Philadelphia » en 2000, « Shangri-La » en 2004 (Mark s’essaye à une Danelectro Silverstone Hornet), ou encore « All the Roadrunning » en 2006, coréalisé avec la chanteuse Emmylou Harris et joué avec une Gretsch de 1957. Les aficionados d’antan cracheront dans la soupe.
Le dynamisme n’est certes plus au rendez-vous, mais la musicalité demeure et le vieux lion ne manque pas d’expérience. Plus récemment encore, il a composé l’album « Privateering » en 2011 et a débuté sa tournée au printemps 2013.
Notons que Mark Knopfler sera en tête d’affiche du festival Guitare en Scène, du 19 au 22 juillet prochain. En ce qui nous concerne, nous terminerons sur ces quelques notes lumineuses et débordantes de nostalgie. Taisons-nous et écoutons la voie de la sagesse… « These mist covered mountains, are a home now for me… ».
Mai01
Découvrez l’histoire et les origines de la musique blues
Commentaires fermés sur Découvrez l’histoire et les origines de la musique blues
Le blues est un genre de musique – ainsi qu’un style d’écriture, de poésie – issu des États-Unis, cependant, ses origines exactes demeurent incertaines. Il a toutefois été établi que celui-ci serait le fruit du mélange des traditions musicales européenne et africaine, puisqu’aucune des deux familles n’en présente les caractéristiques fondamentales. C’est en effet une musique complètement dissemblable de ses racines, une musique bien spéciale née de l’union de parents provenant de continents différents et de l’émancipation des voix d’un peuple qui devait se faire entendre…
Les origines de la musique blues
Les origines du blues, comme celles du gospel, se retrouveraient dans les chants et les manifestations musicales typiques des esclaves noirs déportés du continent africain vers l’Amérique du Nord, soit les spirituals et des hollers(des appels brefs lancés par un meneur et repris en réponse par d’autres esclaves). Ainsi, le langage blues serait basé sur ce système de question-réponse chanté – il aurait été transposé en musique en quelque sorte – que sont les hollers et les field-hollers.
Le blues serait donc né dans les terres sudistes des États-Unis, dans le Delta du Mississippi, vers la fin du XIXe siècle – voilà un genre de musique qui accompagne depuis longtemps l’histoire du peuple noir américain.
Cependant, comme mentionné plus haut, les origines exactes de la musique blues sont plutôt mal connues, et il n’est d’ailleurs pas si difficile de comprendre pourquoi. Comme toutes les formes populaires de musique issues d’une culture orale, la tradition du blues a pendant une longue période été mal documentée; ce n’est que durant les années 20 qu’ont été produits les premiers enregistrements d’artistes dits blues.
Par ailleurs, la naissance du blues correspondrait à l’éclosion des désillusions de la population noire après l’abolition de l’esclavage ainsi qu’aux errances et mouvements de ce peuple pour quitter le sud vers les régions industrialisées des États-Unis.
À partir de l’année 1912 et de la publication des premières partitions de compositions portant l’appellation deblues, le style musical s’est trouvé formalisé rapidement. Les blues enregistrés par des chanteuses dites classiques (comme Ma Rainey, Bessie Smith et Billy Holiday) n’ont que confirmé cette formalisation. En outre, leragtime, largement accessible grâce à la partition et très populaire à la fin du siècle dernier, aura joué un rôle d’importance en familiarisant le public avec la syncope rythmique qui à son tour a été utilisée par les compositeurs classiques (par exemple Debussy et Ravel) ainsi que par ceux de Broadway (Berlin, Gershwin).
Les débuts du blues
Au début du XXe siècle, après l’abolition de l’esclavage, bon nombre de Noirs d’Amérique ont quitté le sud des É.-U. pour le Nord industriel afin de se libérer du joug de leurs anciens maitres et trouver un travail dans l’une des grandes industries américaines. Des propriétaires auront alors essayé d’enrayer cette migration, mais celle-ci a redémarré au début de la Première Guerre mondiale.
Ainsi, durant la période allant de 1916 à 1940, près de 2 millions de Noirs seront passés au Nord dans l’espoir de se faire embaucher par les industries. Pendant ces années auront augmenté notablement les populations des villes américaines de New York, Détroit, Chicago, Philadelphie, Boston, Pittsburg et Cincinnati.
La majorité des Noirs se sont retrouvés à Détroit. Cette ville – dont l’économie reposait sur l’industrie de l’automobile avec la présence de Ford – a accueilli un nombre important de Noirs jusque dans les années 20. C’est dans le ghetto Black Bottom, sur la rue Hasting, que beaucoup de bluesmen ont eu leur premier contact avec le public.
Cette migration vers le Nord américain a changé le blues. À un moment donné, ce dernier est devenu moins l’expression dugroupe que celle de l’individu; l’influence de la situation géographique a également été importante. Et alors que jouer à la campagne dans une grange ou un juke-joint ne nécessitait pas d’amplification, les musiciens urbains ont dû, à un moment donné, pour se faire entendre, abandonner la guitare acoustique. C’est pourquoi, en ce temps, le blues se jouait surtout au piano; puis, à partir des années 30 et 40, on s’est mis à utiliser les guitare électrique et micros.
Durant cette période, le bluesman traditionnel – et seul sur scène – s’est mis à former des groupes. Ceux-ci étaient composés, le plus souvent, d’un pianiste, de guitaristes et d’un batteur. Le blues urbain, et plus particulièrement le Chicago blues, est né de cette manière. Par la suite, les blueswomen et bluesmen des villes auront quitté les bars pour se produire dans des salles, les théâtres, et les compagnies de disques ont commencé à les enregistrer.
Voici les grandes chanteuses et grands interprètes de blues de l’époque qui mène à la Seconde Guerre mondiale : Mamie Smith, Ma Rainey (la mère du blues), Bessie Smith, Victoria Spivey; et, chez les hommes, Big Bill Broonzy, Sonny Boy Williamson, Blind Lemon Jefferson, Leadbelly, Lightnin’ Hopkins, Lonnie Johnson, Charlie Patton, Robert Johnson, Skip James et Blind Blake.
Le mariage de la guitare électrique et du blues
Au début des années 50, le blues s’est recentré à Chicago avec l’arrivée de nombreux musiciens bluesmen du Mississipi : Howlin’ Wolf, Jimmy Reed, Muddy Waters, Willie Dixon et Buddy Guy. C’était l’époque de l’électrification des guitares, un style dans lequel a excellé B.B. King. Durant cette période se sont illustrés les grands T-Bone Walker, Michael Walton et John Lee Hooker.
Dans les années 60, le blues s’est surtout développé en Angleterre, avec les Rolling Stones, les Yarbirds, John Mayall, etc. Ces musiciens auront influencé la scène blues-rock américaine des années 70. À la fin de la décennie, le style West Side blues a été créé à Chicago par des artistes comme Magic Sam, Junior Wells, Earl Hooker et Otis Rush. Le West Side blues de Magic Sam, Otis Rush, Buddy Guy et Luther Allison était caractérisé par une guitare électrique sur-amplifiée.
À l’époque, aux États-Unis, les bluesmen guitaristes et chanteurs B.B. King, John Lee Hooker et Muddy Waters inspiraient une nouvelle génération de musiciens, par exemple le New-Yorkais Taj Mahal. L’ère des Civil Rights a causé une croissance de l’auditoire du blues traditionnel, et des festivals comme le Newport Folk Festival ont eu à leur programme des prestations de grands bluesmen (p. ex. Son House, Mississippi John Hurt, Skip James, Big Joe Williams ou le Reverend Gary Davis). Des artistes américains comme Janis Joplin, Bob Dylan ou Jimi Hendrix, tous influencés à la fois par le blues traditionnel et le blues électrique, ont fait découvrir cette musique au jeune public de l’époque.
L’interprétation que les artistes des sixties ont donnée à la musique blues a eu plus tard une très forte influence sur le développement de la musique rock.
Pendant les années 80 et jusqu’à nos jours, le blues — tant traditionnel que contemporain — a continué d’évoluer par le travail d’artistes tels que Robert Cray, Bonnie Raitt, Taj Mahal, Ry Cooder, Albert Collins, Jessie Mae Hemphill, R. L. Burnside, Junior Kimbrough, Kim Wilson, James Harman (et ses deux guitaristes HollywoodFats Mann et David Kid Ramos), Ali Farka Touré et bien d’autres.
C’est aussi dans les années 80 que le style du Texas blues a été créé. Celui-ci se caractérise par l’utilisation simultanée des guitares solo et d’accompagnement. LeTexas blues a été fortement influencé par le blues-rock d’Angleterre. Voici des artistes importants du style Texas blues : Stevie Ray Vaughan (SRV), The Fabulous Thunderbirds et ZZ Top. À la même époque, John Lee Hooker a retrouvé sa popularité, grâce à ses collaborations avec Carlos Santana (parution de l’album The Healer), Miles Davis, Robert Cray et Bonnie Raitt.
Pendant les années 80 et 90, des blues scenes ont été créées partout aux États-Unis, au Canada ainsi qu’en Europe. Ces scènes musicales comprenaient, entre autres, des magazines de blues (par exemple Living Blues et Blues Revue), des festivals de blues et des clubs où est joué ce genre de musique.
Loin d’être devenue ringarde, la musique blues est encore d’actualité : elle est toujours vivante et a encore de beaux jours devant elle… En fait, le blues évolue toujours, sous la créativité de nombreux musiciens talentueux, pour le plus grand plaisir des mélomanes et mordus de musique blues!
La signification de blues
Le mot anglais blue est associé à la mélancolie ou la dépression depuis l’ère élisabéthaine, mais la personne qui aurait inventé le mot blues au sens où nous le connaissons aujourd’hui serait l’auteur américain Washington Irving, en 1807.
L’essence du blues
Au départ, le blues évoquait en fait un cri du cœur. Les individus qui ont inventé le blues chantaient des airs imprégnés de rudes sentiments, de peines et de souffrances. Ils s’accompagnaient d’une guitare et, parfois, d’un harmonica. À un moment donné, des bluesmen guitaristes auront commencé à glisser un bout de métal sur les cordes de leur instrument… Et c’est comme cela qu’a été inventée la slide guitar.
Plus parole que musique, malgré une structure harmonique définie, le blues serait « une chronique autobiographique et poétique qui, toujours entre humour et mélancolie, métaphore et lucidité, inscrit dans l’universel la joie et le malheur, l’espoir et la souffrance d’un groupe d’individus, et lui donne statut. » (encyclopédie Universalis)
Le fondement théorique du blues
La gamme pentatonique est certainement ce qui représente le fondement théorique du blues. Saviez-vous que cette gamme n’est pas nécessairement typique du continent africain ou de tout autre continent en particulier? En fait, elle est nettement répandue; celle-ci se retrouve par exemple dans les folklores populaires européens – la gamme est présente de l’Andalousie au croissant celte (formé de l’Écosse, de l’Irlande, de la Bretagne).
La gamme pentatonique été introduite en Amérique par l’arrivée des colons espagnols, par celle des immigrés des îles britanniques, mais aussi par ces Africains asservis, victimes de déculturation.
Note : Les caractéristiques les plus spécifiquement africaines de la musique blues sont donc sans aucun doute le feeling et le groove, ces dimensions émotionnelles et gestuelles de la musique, mal qualifiables, mais immédiatement perceptibles dans toutes les formes d’expression musicale afro-américaines.
Les structures musicales du blues
D’un point de vue technique, le blues repose sur 3 éléments en particulier, les suivants :
- Un rythme souvent ternaire syncopé;
- L’harmonie en I-IV-V (les notes tonales de la tonalité, connues depuis les anciens Grecs);
- Une mélodie qui utilise la gamme blues et les notes bleues.
Le blues se caractérise souvent – mais pas toujours – par une humeur teintée de quelque langueur ou d’une certaine mélancolie.
Le rythme en blues
Le blues repose sur un rythme ternaire syncopé. Chaque temps est donc découpé en 3 croches dont on ne marque que la 1re et la 3e. Si le rythme peut être plus ou moins rapide, la musique blues est traditionnellement jouée plutôt lentement. De plus, le terme de shuffle indique généralement un tempo moyen. Quant à la musique boogie, cela implique en général une cadence plus appuyée.
L’harmonie en blues
Initialement assez libre, la structure harmonique du blues s’est fixée progressivement pour aboutir à une forme de base articulée autour de 3 accords, généralement sur 8, 12 ou 16 mesures – la forme en douze mesure est la plus commune (on parle de 12-bar blues (blues de 12 mesures)). Ces 3 accords, désignés par les chiffres romains I-IV-V, représentent les 1er, 4e et 5e degrés (c.-à-d. tonique, sous dominant et dominant) de la gamme majeure correspondant à la tonalité du morceau. Les accords de base comportent le plus souvent la 7e (mineure). Dans des formes plus élaborées de cette musique, les musiciens blues recourent fréquemment à des accords de 9e ainsi qu’à différentes altérations.
La mélodie en blues
La gamme blues traditionnelle est tout simplement une gamme pentatonique mineure à laquelle on a ajouté 1 note. C’est cette dernière (la quinte diminuée) qui donne la couleur blues au morceau, d’où son nom de blue note (note bleue en français). L’autre gamme fréquemment utilisée en blues est la pentatonique majeure.
Le timbre du blues
Au sens large, le timbre est la couleur du son. On a coutume de dire que les chanteurs classiques essaient d’imiter les instruments, tandis que les instruments de blues essaient d’imiter la voix humaine (ou parfois celle de Donald Duck, d’un bombardier ou même d’une mitraillette…).
Les bluesmen ont beaucoup exploré le timbre : ils ont notamment été les premiers, pendant les 50, à employer des amplificateurs pour la guitare ainsi que l’harmonica. Les voix fortes et graves de chanteurs comme Howlin’ Wolf et Muddy Waters jouent également beaucoup sur le timbre. La technologie et les effets de mode ont un peu plus tard ajouté d’autres éléments au son de la musique blues, comme les guitares sales et saturées des Stones ou de Slowhand (Eric Clapton), ou les effets psychédéliques employés, entre autres, par ce petit prodige de Hendrix – par exemple le feedback, la distorsion style fuzz et des effets plus étranges encore, comme l’effetleslie ou UniVibe, créé d’un haut-parleur en rotation.
Le vibrato en blues
Le vibrato est un effet appliqué à une note de musique. Très utilisé par les musiciens de blues, cet effet consiste à provoquer une rapide variation de la hauteur de la note. Comme tous les effets de nuance, le vibrato apporte une expressivité particulière en fonction de la façon dont il est effectué : vite ou lentement, de façon fluide ou saccadée… Le vibrato est un élément essentiel au son blues, que cela soit pour les voix ou sur des instruments tels que la guitare.
Le blues rural
Le blues rural s’adressait à la population des campagnes américaines. C’était un blues simple, joué, le plus souvent, à la guitare, avec parfois l’ajout d’un wash board ou d’un harmonica. Les textes du blues rural y décrivent, comme son nom le laisse croire, les préoccupations des Noirs des campagnes… C’était également un blues qui, étant donné qu’il n’était pas du tout écrit – même par rapport aux paroles –, permettait de longues improvisations. Certains morceaux duraient des dizaines de minutes (ce qui ne se retrouvait pas sur disque, car ceux-ci sont de durée est limitée).
Cette forme de blues est très liée au blues du Delta primitif, et on le jouait avant la guerre. Après la Première Guerre est venu le renouveau du blues rural. Celui-ci est redescendu de Chicago en emportant avec lui la guitare électrique et l’amplification. Le blues rural du Sud est alors devenu plus imposant.
Les figures les plus emblématiques du blues rural : John Lee Hooker, Elmore James et Muddy Waters.
Le Delta blues
La région du Delta a été le berceau du blues. En effet, c’est dans les plantations de cotons qu’est né le blues vers la fin du XIXe siècle. Les véritables pionniers du blues n’ont donc pas eu la possibilité d’enregistrer; aussi ils sont restés complètement inconnus.
C’est W.C. Handy qui a été le premier à écrire des partitions de blues en transcrivant les chants de travail qu’il avait entendu. Dès les années 30, Alan Lomax a quant à lui sillonné les États du Sud américain à la recherche de musiciens qu’il a enregistrés pour le compte de la bibliothèque du Congrès. Parmi ses découvertes, il y a eu notamment Leadbelly, Blind Willie Mac Tell, Honeyboy Edwards, Son House ainsi qu’un certain Mac Kinley Morganfield (Muddy Waters!).
Parmi les autres pionniers de Delta blues de cette époque qui ont eu la chance d’enregistrer leurs performances, les plus représentatifs sont les suivants : Skip James, Elmore James, Bukka White, Tommy Johnson, Tommy MacClennan, Willie Brown, Sonny Boy Williamson II et, surtout, Robert Johnson et Charley Patton – ces derniers sont aujourd’hui des légendes du blues. Par ailleurs, certains de ces pionniers bluesmen ont fini par trouver une reconnaissance nationale – et même internationale – avec la renaissance du blues ayant eu lieu dans les années 60.
Le Delta blues est une musique rurale profonde et authentique. Ses textes sont souvent remplis de métaphores; elle est une forme de musique poignante et intense qui peut révéler de fortes personnalités.
Contrairement à ce que plusieurs croient, le Delta blues est généralement électrique, et parfois même sur-amplifié et métallique… C’est une musique très rythmique, généralement peu sophistiquée et qui utilise un minimum d’accords (un très bon exemple est sans aucun doute le blues du Mississippien David Junior Kimbrough) avec un son très brut de fonderie (T-Model Ford, Elmo Williams).
En outre, le bottleneck était fréquemment utilisé dans le Delta blues – c’est moins vrai aujourd’hui. La guitare reste l’instrument de base dans ce style de blues rural souvent marqué par un manque de moyens…
De nos jours, même s’il demeure une grande tradition familiale, il y a malheureusement peu de jeunes pour perpétuer la tradition du Delta blues.
Le Chicago blues
Issu de la migration vers le Nord américain après la Première Guerre mondiale, le Chicago blues était un blues électrique joué en groupe. Le meneur en était le chanteur; il était souvent guitariste, mais parfois pianiste ou harmoniciste. Celui-ci jouait, avec des sidemen, des morceaux lents ou rapides faits pour être entendus dans une salle de contenance supérieure à celle d’une grange ou d’un juke-joint du Sud, bien entendu…
Cette présence sur scène de plusieurs artistes a donné au Chicago blues des tranches d’improvisation. En effet, chacun des musiciens du band avait droit à sa partie soliste – même le batteur et le bassiste! Musicalement parlant, cela a fait du Chicago blues un blues plus riche que la forme traditionnelle de ce genre de musique. En outre, les stars n’étaient plus de bons paroliers, mais des guitaristes solistes de haut niveau… De cette manière, tout en conservant des morceaux fidèles à la structure musicale du blues, les accords joués étaient plus élaborés, et certains guitaristes se rapprochaient même de ce que les jazzmen pouvaient jouer…
Les grands noms du Chicago blues : Big Bill Broonzy, B.B. King, Big Joe Williams et Sonny Boy Willamson.
Le Piedmont blues
Le Piedmont est une région du Sud-Est américain qui s’étend de la Virginie à la Floride, en passant par la Caroline du Nord, la Caroline du Sud, la Géorgie et l’Est du Tennessee. Cette région vivait des plantations de tabac, contrairement aux abords du Mississipi où les fermiers cultivaient en majorité le coton.
Ce qui caractérise le Piedmont blues est l’élaboration du jeu. Il est beaucoup plus perfectionné que le blues du Delta (Delta blues) ou même le Chicago blues. Techniquement, il se rapproche davantage du picking utilisé en ragtime. Le Piemond blues est un blues beaucoup plus inspiré des chants folk des Blancs; de plus, il se joue le plus souvent à la guitare et à l’harmonica. Racines du boogie et du ragtime, le Piedmont blues est une musique qui laisse entendre à la guitare ce que le piano joue habituellement.
Parmi les artistes les plus connus qui représentent ce style de musique blues l’on a : Sonny Terry et Brownie McGhee, le Reverend Gary Davis, Big Bill Broonzy, Blind Willie McTell et Buddy Moss.
D’autres formes de blues :
Jump blues
Boogie-woogie
Cool blues
West Coast blues
Texas blues
Memphis blues
St. Louis blues
Louisiana blues
Kansas City blues
British blues
New Orleans blues, etc.
Apprenez à jouer le blues à la manière de B.B. King, SRV, Johnson, etc., avec nos cours de guitare.
Commentaires récents
Tout est dit , un large résumé bien expliqué. Marco.
posté dans Top 5 des erreurs rédhibitoires du guitariste débutantde Marco
Article très intéressant, merci.
posté dans Quelle guitare choisir pour jouer du jazzde Maurice
J'en sais un peu plus grâce a vous, sur les guitares jazz.
posté dans Quelle guitare choisir pour jouer du jazzde corrado