Dès le moment où vous saurez jouer vos premiers morceaux blues à la guitare, vous devriez essayez de leur conférer une touche personnelle. Bien sûr, écouter différents artistes blues et apprendre de nouvelles techniques à la guitare utilisées par d’autres bluesmen peut grandement contribuer au développement de votre oreille musicale, toutefois il est important que vous trouviez votre propre place dans le blues.
Nous n’avons pas besoin d’un deuxième Slowhand, Ray Vaughan ou Waters… Tous ces guitaristes auront trouvé leur « voix » en guitare blues, et à un moment donné, vous devrez faire de même ! N’est-il pas vrai que l’on pourrait immédiatement reconnaitre le son à la guitare de Clapton ou de Hendrix, même si tous deux jouaient simultanément la même chanson? Si l’on prend par exemple la chanson « From The Cradle » interprétée par Eric Clapton, on réalise que ce dernier a très bien étudié la version originale; il a utilisé le même accordage, les mêmes tonalités et techniques, mais on peut toujours discerner le jeu typique de Clapton, la touche « Slowhand » dans ce morceau…
Alors, comment développer son propre style en guitare blues?
Il est possible de personnaliser son jeu à la guitare blues de plusieurs façons. Étudions par exemple celui des 3 « rois » du blues : B.B. King, Freddie King et Albert King (notez qu’aucun lien de parenté ne les unit!!). B.B. est connu pour son « Chicago-style », ses phrasés fluides, mélodiques combinant les gammes majeures et mineures. Il joue avec un « pick » et son unique vibrato du poignet (« hummingbird ») l’a rendu célèbre. Freddie King utilisait des « thumb picks » et des « finger picks »; il jouait des blues très puissants – parfois même agressifs – à saveur rock/Chicago blues/Texas blues. Albert King, quant à lui, utilisait son pouce et des « bends » extrêmes – son son à la guitare était dur et impliquait moins de notes.
Pour vous aider un peu, notez que vous pouvez modifier/varier les éléments suivants de votre jeu :
- Les notes/gammes utilisées. Si vous êtes fan de jazz, essayez donc de combiner des gammes « jazzy » à vos gammes blues; si vous aimez le « rock », ajoutez plus de « power chords » à votre jeu, etc. Mettez-vous aux « double-stops », aux arpèges et aux « picking patterns », etc.
- Le jeu de votre main d’attaque. Essayez le jeu au médiator, le jeu avec les doigts et même les « finger picks »!
- Les techniques de jeu employées. Par exemple, la guitare « slide » vous plaira si vous ne visez pas à ou n’aimez pas jouer très vite. Sinon il y a les « bends », le « vibrato » – autant d’éléments à personnaliser dans votre jeu!
- Votre équipement. La ES-335 (« Lucille ») de B.B. King est l’un des éléments qui nous permettent de pouvoir identifier si facilement son son à la guitare… Essayez la guitare acoustique, et la guitare électrique à micros « single coil » et à « humbuckers ».
- Faites l’essai d’amplis à transistors et à lampes. Ne perdez donc pas votre temps à essayer de reproduire le son exact de tel ou tel bluesman lors de tel ou tel concert…
Demandez-vous plutôt : « Si je faisais partie du band de ou [y], quel équipement aimerais-je utiliser? ». C’est que deux guitaristes au son plutôt différent peuvent sonner très bien ensemble!
• Peut-être élaborerez-vous quelque chose de tout à fait nouveau? Les « bends », le vibrato du poignet et le « slide guitar » ne faisaient pas partie des « méthodes classiques » de jouer de la guitare, au départ. Mais un jour B.B. King a essayé d’imiter le son produit par les guitaristes « slide » sans utiliser de « bottleneck », et c’est de cette manière qu’il a « inventé » le « string bending » (oui, bon, il n’est pas le seul à avoir développé la technique, mais il l’a rendu populaire!)…
Pour conclure, gardez bien ceci en tête : vous devez vous sentir à l’aise dans tout ce que vous jouez, peut importe la technique ou l’équipement que vous utilisez! Votre public l’entendra!
… et prendre quelques leçons de guitare blues, ça peut aussi être pas mal!